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Faire évaluer des projets intergénérationnels – Quand et sous quelle forme une évaluation fait-elle sens?

Dans une interview, Hanna Meier, sociologue auprès de Social Insight, organisation spécialisée dans la recherche sociale proche de la pratique et notamment dans l’évaluation, explique de quelle manière sont évalués les projets intergénérationnels et quel est l’avantage de cette procédure.

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Photo: fotolia

Madame Meier, vous êtes sociologue. Vos activités professionnelles vous ont amenée à évaluer de très nombreux projets. De telles évaluations exigent des ressources financières et humaines. Quelle en est la contrepartie?

Une évaluation peut avoir plusieurs effets positifs. Primo, elle documente les performances et retombées d’un projet. Pour les organisations qui financent ou portent ce projet, c’est essentiel et très précieux, puisque cela leur permet de rendre compte de leur engagement financier. Secundo, une évaluation résume et apprécie le déroulement du projet, la réalisation de ses objectifs et le jugement de ses parties prenantes (output et outcome du projet). Ce sont là des résultats indispensables aux initiateurs/initiatrices et responsables du projet et c’est aussi ce qui les intéresse tout particulièrement, puisque cela leur permet de savoir ce qui plaît aux groupes cibles et ce qui ne leur plaît pas. Tertio, une évaluation examine l’évolution d’un projet. Les responsables obtiennent d’importantes informations d’un point de vue tiers, neutre.  Les résultats d’une évaluation peuvent par ailleurs être présentés et discutés dans le cadre d’un atelier. Cela ouvre le dialogue et soutient un développement ultérieur ciblé du projet.

En tant que spécialiste de l’évaluation, quel avantage est le plus important selon vous?

J’ai pour habitude de dire que les «mauvais projets» n’appellent pas d’évaluation. Lorsqu’une offre ne parvient pas à attirer un public suffisant ou qu’elle soulève d’importants problèmes de réalisation, nul besoin de dépenser de l’argent pour la faire évaluer par un tiers indépendant. Le regard d’un spécialiste extérieur est en revanche utile pour des projets qui fonctionnent. Dans ce cas, une évaluation approfondie permet de soulever des points essentiels et d’apporter de nouvelles idées et conclusions, ce qui favorise le développement du projet. Les personnes impliquées sont soutenues et le projet prend un nouvel élan. Dans une évaluation, l’aspect de valorisation est primordial. Chez Social Insight, nous sommes certes critiques, mais, dans le même temps, bienveillants et valorisants. On peut comparer une évaluation à un vélo électrique – c’est un cadeau activant, qui exige un effort personnel, tout en procurant une grande joie.

Que faites-vous précisément dans le cadre d’une évaluation?

Dans le meilleur des cas, nous disposons de retours de toutes les parties prenantes. C’est-à-dire que nous associons tous les participants du projet, par des questionnaires écrits, par téléphone, entretien personnel mais aussi par des photographies, etc. Nous utilisons des méthodes quantitatives (chiffres, pourcentages) et qualitatives (expressions, affirmations). Il est souvent utile d’analyser la documentation relative à un projet. Cela permet de connaître les détails: concepts, mise en œuvre, publicité, procédures, objectifs. Les informations de suivi d’un projet sont également importantes et utiles (p. ex. Combien de personnes recourent à l’offre?). Les souhaits et besoins des organisations qui nous sollicitent pour procéder à une évaluation sont déterminants pour le «design» de l’évaluation. C’est le client qui définit le cadre de nos prestations. Nous, les spécialistes, lui soumettons ensuite une proposition et lui indiquons la forme que pourrait prendre son évaluation. L’étendue des travaux par exemple est fonction du budget.

En ce qui concerne les projets intergénérationnels, y a-t-il quelque chose de spécifique à prendre en considération pour une évaluation? 

Les projets intergénérationnels s’adressent généralement à plusieurs groupes cibles, notamment différentes classes d’âge qu’il convient d’approcher, chacune à sa manière, par une seule et même offre. Bien sûr, l’évaluation devra tenir compte de tous les groupes cibles. C’est important. Cela requiert toutefois souvent des approches spécifiques différentes. Ainsi, pour les grands-parents, un questionnaire écrit semble adapté, mais il ne l’est point pour des enfants d’âge préscolaire. Ces derniers, il convient de les observer et on peut leur parler. Il est d’ailleurs normal qu’une évaluation concerne des groupes cibles différents. Un autre point a son importance: le moment de l’évaluation des projets intergénérationnels. Nous déconseillons une évaluation précoce, à moins que le focus ne soit dirigé sur le lancement et le démarrage du projet. Si le quotidien du projet ou la réalisation des objectifs sont au centre de l’intérêt, l’évaluation ne doit pas commencer avant que plusieurs mois ne se soient écoulés depuis le lancement du projet. Celui-ci doit avoir survécu aux premières tempêtes et avoir débuté sa phase de consolidation. A ce moment-là, l’évaluation peut se concentrer sur la phase d’exploitation (output et outcome). En revanche, si on souhaite examiner si oui ou non, le projet a pour conséquence des changements durables au niveau de l’attitude et du comportement (impact), il peut être indiqué d’attendre plus longtemps avant de procéder à l’évaluation afin de pouvoir relever ces conséquences.

 

Contribution de Monika Blau, Intergeneration

Que pensez-vous de l’évaluation des projets intergénérationnels?

Informations complémentaires sur l’évaluation:

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