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Etat des relations intergénérationnelles, quelques résultats du Rapport social 2012: Générations en jeu

Le Rapport social 2012: Générations en jeu, paru en octobre 2012, rend compte de la situation actuelle de la société et des changements importants qui s’opèrent en Suisse. L’édition 2012 de ce rapport, qui paraît tous les quatre ans depuis 2000, met un accent particulier sur les générations, les relations intergénérationnelles et les rapports entre jeunes et vieux. Cette édition se greffe sur le rapport Générations en Suisse[1], élaboré dans le cadre du Programme National de Recherche 52, lequel était focalisé expressément sur les relations intergénérationnelles en Suisse et leur évolution. La continuation et la consolidation du suivi scientifique de cette thématique dans le cadre du Rapport social 2012 correspond à un desideratum novateur et pertinent tant sur le plan scientifique que sociétal. De plus, le Rapport social s’inscrit dans l’année européenne du vieillissement actif et de la solidarité intergénérationnelle 2012.

Les indicateurs du rapport social couvrent une période temporelle allant de la deuxième moitié du 20e siècle à la première décennie après le tournant du millénaire, avec des données plus récentes allant jusqu’en 2010. Ils sont calculés sur la base de différentes enquêtes et banques de données de niveaux suisse et européen (Eurostat, Office fédéral de la statistique, enquête ESS, etc.). Ils illustrent les changements de la société suisse tant au niveau individuel  –conditions de vie vécues, modes de comportement – qu’au niveau de la société dans son ensemble, notamment en termes de changements institutionnels et des structures sociales. Enfin, dans la mesure du possible, l’état et l’évolution de la société suisse sont situés dans le contexte européen.

Etat des relations intergénérationnelles

Le Rapport social 2012 analyse entre autres les relations entre les différentes générations. Parmi les résultats intéressants, les indicateurs du rapport social font ressortir que les jeunes et les aînés n’ont que très peu de contacts les uns avec les autres hors du cadre familial. Ils ne se détestent pas ni ne se craignent – on ne peut donc pas parler de conflit entre les générations – mais ils mènent des existences séparées à bien des égards. Voici quelques exemples qui illustrent ce constat.

Dans la vie professionnelle ou le travail bénévole, la majorité des jeunes ne collabore pas avec les aînés. Plus les personnes avancent en âge, plus il est rare qu’elles établissent un contact professionnel ou social étroit avec des personnes jeunes. De même, les relations amicales consistent généralement en rapports avec des personnes faisant partie du même milieu social, souvent plus ou moins du même âge. Les rapports amicaux intergénérationnels ne sont pas inexistants, mais ils ne représentent pas la majorité des relations d’amitié. Ainsi, plus de 60% des personnes interrogées ayant moins de 35 ans reconnaissent ne pas avoir d’amis ou connaissances âgés de plus de 70 ans. Dans l’ensemble, les jeunes ont un réseau d’amitiés constitué essentiellement de personnes ayant plus ou moins le même âge. Les personnes d’âge moyen s’orientent plutôt « vers le bas » que « vers le haut » et préfèrent donc avoir des amis plus jeunes que plus âgés. Chez les personnes âgées, la plupart des relations amicales sont également établies avec des personnes appartenant à la même classe d’âge.

En matière d’activités culturelles, sportives et de loisirs, les jeunes générations et les générations plus âgées n’entretiennent également que peu de contacts. On imagine bien que selon l’âge, les personnes ne peuvent pas pratiquer les mêmes sports. Certains sports comme le football ou le jogging, la marche rapide ou le snowboard, sont effectivement prisés principalement par les jeunes. La marche et la gymnastique – deux formes d’activité physique recommandées aux personnes âgées et organisées de façon ciblée à leur attention comme faisant partie d’une promotion de la santé – s’adressent plutôt aux aînés.

En ce qui concerne les activités culturelles, comme l’écoute de la musique ou les pratiques d’activités de loisirs comme les voyages par exemple, les générations ont des envies ou attitudes opposées. Si on compare les destinations de voyage selon l’âge, on ne constate une baisse dans ce domaine qu’à partir de 70 ans. Les « jeunes vieux » voyagent aujourd’hui davantage que par le passé et le « senior voyageur » est devenu l’archétype du vieillissement actif. Quant aux jeunes, ils passent de plus en plus leurs vacances dans des pays non européens. Les différences entre les générations sont d’autant plus marquées lorsqu’on regarde la préférence donnée à tel ou tel genre de vacances ou formes d’hébergement. Les jeunes préfèrent en général les vacances à la mer ou les stations de sports d’hiver et choisissent plutôt des types d’hébergement informels (hôtel bon marché, dans la parenté, en camping, chez des amis). Plus tard, avec l’âge, la préférence est donnée aux appartements de vacances ou à l’hôtel.

En observant les relations intergénérationnelles dans les activités professionnelles, culturelles ou sportives, on remarque que les jeunes et les vieux ont peu ou pas de contact les uns avec les autres en dehors du cadre familial. Ils n’ont donc que peu de possibilités de se rencontrer et de se côtoyer. Le vieillissement démographique que vit et va vivre prochainement notre société – un vieillissement accentué d’une part, par la stabilité ou la baisse de la natalité qui fait diminuer le nombre de jeunes et, d’autre part, par l’augmentation de l’espérance de vie faisant, elle, croître le nombre des aînés – va probablement encore accentuer les différences entre les générations. Les générations ne pourront pas continuer à vivre de façon séparée, côte à côte, sans se soucier les unes des autres. Cette nouvelle configuration, influencée par l’évolution démographique, va engendrer des rapports intergénérationnels qui sont encore à développer. Elle va en outre soulever de nouvelles questions, notamment celle de la solidarité – intra- et extra-familiale – entre les générations. Cette question fera prochainement l’objet d’un nouveau blogpost.

Une entrée publiée par Celine Schmid Botkine

Référence:

  • Bühlmann, Felix, Céline Schmid Botkine, Peter Farago, François Höpflinger, Dominique Joye, René Levy, Pasqualina Perrig-Chiello et Christian Suter (2012), Rapport social 2012 : Générations en jeu. Zurich : Seismo, 332 p.
  • La publication peut être commandée sur le site: http://www.seismoverlag.ch
  • Perrig-Chiello, Pasqualina ; François Höpflinger et Christian Suter (2009), Générations – structures et relations. Rapport « Générations en Suisse ». Zurich : Seismo.

Source:

  • Rapport social 2012, indicateur “Contacts intra- et intergénérationnels”
  • Rapport social 012, indicateur « Sports pratiqués »

 

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